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Dépistage du Covid-19: qui pourra se faire tester en priorité?

Face à la dégradation de la situation sanitaire en France, le chef du gouvernement a annoncé que les tests de dépistage du Covid-19 allaient être mis à disposition des publics prioritaires.

En vue d'endiguer la recrudescence du coronavirus sur le territoire, Jean Castex a annoncé ce vendredi la mise en place de plusieurs mesures dédiées au dépistage des personnes prioritaires, reconnaissant que les temps d'attente actuel pour se faire teste étaient "trop importants".

Les délais pour les prélèvements et les résultats des tests Covid-19 se sont nettement allongés ces dernières semaines dans les laboratoires, même si le gouvernement rappelle que plus d'un million de tests sont désormais réalisés par semaine.

Créneaux horaires et tentes dédiées

"Attendre, ce n'est pas grave s'il n'y a pas urgence. Mais c'est problématique lorsque vous êtes prioritaire", a déclaré le chef du gouvernement depuis l'Hôtel de Matignon, soulignant que c'était la raison pour laquelle, "pour ces personnes prioritaires, nous allons renforcer les circuits dédiés de dépistage. Ainsi les laboratoires leur réserveront certains créneaux horaires (...) et des tentes de dépistage" leur seront dédiées, en particulier dans les grandes villes.

Jean Castex a ensuite détaillé que la priorité serait donnée aux personnes "qui présentent les symptômes du Covid", mais aussi celles ayant "été en contact rapproché avec une personne positive", les membres du "personnel soignant ou assimilés", ceux "travaillant à l'hôpital dans un Ehpad ou à domicile" en contact avec des personnes âgées.

Des mesures anticipées par les biologistes

Une décision saluée par le médecin et président de la Fédération des médecins de France Jean-Paul Hamon, ce vendredi soir sur BFMTV. "La priorité, c'est de raccourcir les délais de tests", a-t-il confirmé, témoignant du climat de "psychose" qui s'est installé dans "les écoles depuis la rentrée des classes". "Les médecins généralistes sont assaillis par les parents qui viennent consulter", et demander de se faire tester "dès que leurs enfants ont la goutte au nez et 37.8°C de fièvre".

François Blanchecotte, président du Syndicat national des biologistes, s'est également réjoui de cette mesure sur notre antenne. "Cela va permettre de justifier les patients, de surveiller les cas contacts". "Cette priorisation est facilement identifiable pour les laboratoires, car je me connecte à Ameli.fr, je sais si vous êtes cas contact. Ensuite, s'il y a un cas dans un Ehpad, les professionnels de santé vont pouvoir contrôler cet établissement. Les biologistes avaient commencé à anticiper tous ces axes prioritaires, mais ils avaient besoin d'un cadre formalisé pour le faire".

François Blanchecotte explique ainsi que les biologistes avaient déjà commencé "à créer des plages horaires", mais "c'est vrai qu'il venait jusqu'alors tout type de personnes, y compris des gens non-prioritaires".

Une régulation par le biais d'ordonnances?

Cependant, "il va falloir trouver un moyen de pouvoir caractériser cette priorisation", prévient le président du Syndicat national des biologistes, "parce que quelqu'un qui veut aller à un mariage ou prendre un vol, il peut déclarer des symptômes". Pour réguler le flux de personnes, le biologiste préconise donc la mise en place d'ordonnances qui seraient délivrées par des professionnels de santé.

"Les biologistes ne peuvent pas faire les gendarmes devant les laboratoires", affirme également Stéphanie Haim Boukobza, virologue et membre du syndicat des jeunes biologistes sur notre antenne. "Tout le monde doit jouer le jeu: les patients, les médecins, les ARS."

Pour elle, ces annonces gouvernementales vont dans le bon sens, car "si on priorise correctement les patients, on sera plus efficaces pour isoler les positifs, et les tracer".

Des moyens supplémentaires vont également être déployés pour faire face à la hausse du nombre de dépistages. 2000 personnes vont être recrutées à l'Assurance maladie et dans les Agences régionales de santé (ARS) pour renforcer le traçage des contacts de personnes infectées.

Jeanne Bulant Journaliste BFMTV